C’est depuis 2012 - alors que Malajube ralentissait sa cadence avant d’entamer un hiatus – et à temps plein depuis 2013 que Julien Mineau élabore Fontarabie, tramant tranquillement une pop vespérale à travers des collaborations initiées depuis sa maison, à Sainte-Ursule. Avec la musique comme cause et solution à la peur et l’anxiété, il s’est confiné dans sa demeure aux airs hantés, à l’écart des tournées et du stress, pour élaborer des pièces à partir de sessions intimes avec Simon Trottier (Timber Timbre), Benoît Rocheleau, Patrick Lavoie, Julie Fontaine et Virginie Parr.

À travers un processus flou dont l’essence était l’expérience, ayant comme unique ligne directrice les ambiances orchestrées de films d’horreur, Mineau et ses collaborateurs ont recouvert de cordes, de cuivres et de bois quatorze pièces envoûtées. De celles-ci, certaines étaient entamées dès 2009 mais impropres à Malajube, et toutes ont été marquées et remaniées par la présence cristalline et vectorielle du célesta - un instrument hybride entre le piano et le glockenspiel, notamment utilisé par Tchaikovsky pour son effet féérique et mystérieux. Entre giallo et rêverie, on retrouve un souffle en quête de lumière, celui de Mineau, explorant les affres de l’angoisse et de la peur des maladies, dans le ciel ou sous l’eau, à travers des ennemis qui sont devenus des amis, sur des trames luxuriantes, à la fois séraphines et tourmentées. Pas de maquettes, pas de pré-production, pas de single non plus, qu’une élaboration abondante comme le fruit des possibilités de complicités musicales fécondes, une symphonie plurielle et rédemptrice dans le confort de l’éloignement.